Je m'appelle JRG et voici mon histoire

Première partie : l'enfant

Dès le début j'ai eu beaucoup d'ambition, je voyais mon public, les yeux fous de passion, répondant au doigt et à l'œil à la moindre de mes sollicitations, moi dans mon habit de lumière dans une salle plus saturée d'icônes qu'un bordel.
C'était décidé je deviendrais curé. Mais quelqu'un cria: "Dieu est mort !" et il tua la poule aux œufs d'or (en plus ça rime, j'avais déjà du talent). Bientôt il ne resta plus dans les églises que quelques vieilles filles nostalgiques et moustachues. Parfois des touristes venaient photographier ces temples dans lesquels mes espoirs de succès avaient avorté.
Il ne me restait plus qu'à rentrer dans le rang, mais non ! car je vis un jour, dans le poste, des minets permanentés roucoulant des fadaises.
C'était décidé je deviendrais chanteur.


Deuxième partie: le bachelier
"Quand on est jeune on aime le fun" disait la publicité, mais, à l'heure où les jeunes loups font hurler leur mobylette dans le lointain, quelques rats discutaient de l'avenir du rock sous les néons du grand café : nous voulions monter un groupe mais tout le monde voulait être chanteur ou guitariste chanteur, à la limite guitar hero ou bien encore guitar hero chanteur. Il fallut donc tirer au sort, moi je tirais "bassiste", pouah !! C'était raté, je me consolai en me disant que j'allais leur casser les pieds en insistant sur le rôle de la basse dans un groupe et en achetant le plus gros ampli du quartier... en attendant d'évincer le chanteur...
Quand on est jeune on aime le fun ... et le fuck bordel !!! On jouait comme des pieds mais avec les mains, regardant de travers nos potes sirotant nos bières pendant qu'on suait. Nous massacrions "wild in the street" et "i want you right now" en louchant sur les cuisses de nos groupies improbables ( il y avait longtemps que le statut de musicien n'impressionnait plus les filles, Fritz the cat mangeait les pissenlits par la racine depuis bien longtemps).


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